(1866 - 1918) La naissance des émaux cernés et la gloire avec d'Huart
La Faïencerie alors dirigée depuis 1866 par les frères d'Huart Fernand et Hippolyte va connaitre une transformation et la richesse d’une période foisonnante qui donnera lieu à des services de table les plus fabuleux, des techniques complexes et innovatrices comme les Flammés, les Petits Feu, le Grand Feu, la Brocatelle, la Majolique, la Barbotine, le Bleu de Sèvres... Mais c’est vers 1872 que démarre la fabrication des pièces en émaux. C'est Eugène Collinot qui est l'initiateur de cette technique vers 1860 dans sa manufacture à Boulogne-sur-Seine ( mais cela reste à prouver ).
A Longwy, les œuvres sont décoratives et ornementales d'inspiration principalement orientale par l'arrivée en 1870 de Charles Longuet, venant de la manufacture de Sèvres, et le créateur céramiste Amédée de Caranza ( venu ou pas à Longwy ? ). La production technique des émaux cernés à Longwy débute vers 1872. Caranza rejoindra Creil-Montereau vers 1876 et la manufacture J. Vieillard & Cie de Bordeaux en 1878. On trouvera d’ailleurs des similitudes dans des pièces en émaux du point de vue de la technique propre à lui. Le principe des émaux cernés est de tracer au pinceau le cerne qui dessine les contours du décors avec un émail noir à l'essence et de poser l'émail au goutte à goutte puis une cuisson dite de "Petit Feu" qui offre une palette de couleurs éclatantes et très variées au contraire de la cuisson dite de "Grand Feu".
Mais cette méthode artisanale est coûteuse en main d'oeuvre et sous l'impulsion des frères d'Huart elle va très vite s'industrialiser en utilisant la technique de l'impression pour poser les contours et permettre d'augmenter la productivité en cadence mais aussi en nombre de formes. En 1873 l'atelier décoration comptait quarante peintres pour passer à plus de deux cents en 1878. Le succès est fulgurant et la Faïencerie obtient de nombreux prix aux expositions universelles de 1878 et 1889 ce qui marquera l'apogée de son art. Le Japon comme la Chine sont majoritairement l'inspiration de décors et des formes.
L'Art Chinois par l'inspiration des bronzes ramené en Europe après le pillage du Palais d’Été de Pékin en 1860 par l'Angleterre et la France et l'Art Japonais par les estampes d'Hokusai Katsushita grand maître prolifique dans son domaine dont son oeuvre est diffusée en Europe à partir de 1861.
La découverte des arts orientaux suscite l'admiration des artistes de toute l'Europe et en particulier des faïenceries de l'hexagone comme Sarreguemines, Bordeaux, Gien,... et Longwy qui connaîtra sa renommée éternelle avec la fleur de pommier. D'autres inspirations artistiques feront aussi partie des décors comme l'art islamique avec ses motifs arabes et perses dont les célèbres céramiques produites à Iznik aux XVe et XVIe siècles. L'Egypte aussi apportera sa contribution au travers d’éléments décoratifs de l'antiquité comme les palmes, papyrus, lotus...
En 1890 date du début de l'Art Nouveau, la Faïencerie fait venir le peintre Carl Schuller dont la spécialité sera les grands panneaux ornementaux dans la technique du cerné à la seringue. Mais à Longwy cet art dit Nouveau ne sera qu'une modeste contribution à l'oeuvre unique est majestueuse de la Faïencerie alors que Nancy en deviendra la capitale avec la pâte de verre avec Daum, Gallé, Muller,... En 1893 François-Auguste Lindley (dit Franck) est engagé par le Baron d'Huart pour prendre la direction des ateliers artistiques. Il gardera en certain conservatisme des productions orientales de la Faïencerie mais saura plus tard prendre avec succès le tournants des Arts Décoratifs.
Vers 1900 la production devient plus difficile par une conjoncture commerciale en baisse et l'entreprise opte plus pour la rentabilité que pour les œuvres de prestiges ou uniques et l'évolution des décors connus (D188 & D792) va se simplifier tout comme le rehaussage et le fait aussi que de produire en majorité les émaux avec un fond bleu (le Bleu Longwy). En 1901 l'entreprise change de statut social pour devenir la Société anonyme des faïenceries de Longwy avec un personnel qui comptera jusqu'à quatre cent cinquante ouvriers en 1914.
Suivra la première guerre mondiale dont les troupes allemandes arrêteront la production et la manufacture sera pour partie détruite par les bombardements.